3740 fans
J'ouïe sons, j'ouïe sens !
À la belote, le « dix de der » est le dernier pli de la partie. Ultime bonus, il relance l’espérance.
L’album Dix de der a bien failli ne jamais voir le jour. L’été 2022, une mauvaise pioche a envoyé Olivier Costes aux portes du cimetière. Alors Der des Ders ? Non, car il avait dans sa manche un carré d’as de trèfle à quatre feuilles. Mourir parfois, vivre souvent…
Rescapé de plusieurs morts cliniques, Olivier en est sorti avec la double étiquette de miraculé pour les chirurgiens et d’énigme pour les flics. Puisque la vie est de retour, il ne reste plus qu’à la mettre en musique. Publier un album posthume de son vivant, ça ne manque pas sel !
À condition que cela ne tourne pas à la marche funèbre. Voilà donc 10 chansons, 10 preuves de vie. Paroles et musiques d’Olivier arrangées par son ami Montpelliérain, Cyril Douay (Les Acrobates, The Chase). Tous deux amoureux des mots et fans de pop anglosaxonne. Olivier est « né » artistiquement chez Tôt ou Tard (sous le pseudo olive et moi), Cyril chez PIAS.
L’album est fait maison dans un salon de 15 m2. Olivier chante assis dans son canapé, une bière à la main et un sourire en coin. Des textes auto biographiques comme Ma collection, confession d’un optimiste qui a eu des malheurs : « Tous les pneus crevés, les seaux percés sont dans ma collection ». Ou Les coutures où il est question d’un passé à repriser et de « souvenirs bien mal portés ». Et de résilience : « J’ai pris des coups durs, j’ai appris la couture. À chaque coupure, je frappe à coups sûrs ». Des chansons d’amour et d’humour, romantiques et ironiques : Je n’aime pas l’amour et Petit à peut-être mêlent paroles cyniques et mélodies insouciantes. L’électrique Fais chauffer la colle évoque la réparation des cœurs après la séparation des corps. Et puis, L’espace temps, balade poétique dans le cosmos des sentiments. Des thèmes sociétaux actuels sont également abordés. L’intelligence artificielle dans Le nuage, l’écologie dans Tout à l’envers et Allume la lumière inspirée par le confinement contre nature des animaux dans les élevages industriels.
Pour chaque chanson, les maîtres mots sont simplicité, sincérité, exigence décontractée. Ne rien surjouer, rester au plus près de l’émotion. Pas d’autotune, les failles dans la voix, on les assume. Pour Olivier, la musique ne doit pas ressembler aux chambres aseptisées qu’il a connues en réanimation. Son univers graphique puise dans sa géographie personnelle : le flamant rose des étangs autour de Montpellier où il aime pédaler en vélosophe : « Je suis un drôle d’oiseau tombé plusieurs fois du nid du déni ». Et puis le joueur de babyfoot. Malgré ses handicaps, ce manchot aux jambes soudées le représente bien : il s’est délivré de sa barre métallique pour s’aventurer dans le monde extérieur. Et continue de jouer.
« J’ouïe sons, j’ouïe sens. Alors, avec Dix de der, je joue cartes sur table. »