Des textes qui puisent dans l’actualité, les vieux standards du patrimoine local, son histoire personnelle. Des rythmes soleil comme échappés des immeubles de la cité portoise, où elle a grandit, des tenues de scène couture qu’elle fabrique dans son atelier, de Bal Bazar, en passant par Paradox et Stand’up sega, Tine Poppy a forgé un univers unique et inclassable. Furieusement réunionnaise, loin des images d’Épinal, avec son album Séguèss, elle poursuit sa route d’icône créole.
C’est en mariant Gala, la chanteuse dance mythique des années 90, à Danyel Waro, la figure emblématique du maloya, qu’elle s’est fait connaitre sur une cover improbable de Freed from desire. C’est ça son truc détourner, s’approprier et rendre poétique ce qui fait le quotidien des réunionnais. Et c’est en réaction à cette Réunion qu’on folklorise souvent ou qu’on dénigre parfois qu’elle a choisi de baptiser son album Séguèss. Séguèss c’est de l’argot. Un mot qu’on utilise plus vraiment mais tellement portois. Ça ne veut pas dire Kafrine ou tantine, non un séguèss c’est une fille qui en impose. Farouche, drôle, indépendante, naturelle, an foutan, stylée, au fil des 12 titres de l’album, Tine Poppy se raconte, se pose des questions et y répond. Elle emprunte aux sonorités qui font du bien à l’âme pour adoucir ses textes souvent peinés, y glisse toujours un peu d’ironie. Elle réinvente la langue, sans la trahir. Quoi qu’elle fasse, c‘est frais. Avec classe, humour et sincérité, Tine Poppy s’est imposée dans le paysage local, en ne sacrifiant rien aux sirènes des modes et des formats. Elle porte en elle un peu de chaque réunionnais, ses espoirs, ses attentes, ses fantaisies, ses déceptions, et son énergie que rien ne pourra arrêter. C’est sa in séguèss.
